Si l’âme (pneuma, anima) est l’autre nom du souffle, la musique est certainement, de tous les arts, celui qui est le plus naturellement associé aux mouvements de l’intériorité. Cela s’explique par la place privilégiée qu’y tiennent la voix et le chant, mais plus généralement par la capacité des sons à donner des émotions humaines les plus subtiles, ou les plus profondes, une expression vive qui mobilise à la fois l’esprit et les sens, les passions de l’âme et l’énergie du corps. En projetant la vie affective dans une forme rythmée, en l’enrichissant de toutes les harmoniques du sentiment, la musique lui confère en même temps une structure. Celle-ci peut consonner avec les grandes orientations d’une vie spirituelle, et parfois d’une éthique. De nombreuses traditions en ont exploré les vertus thérapeutiques.
Ces questions sont l’occasion de lever quelques coins du voile qui recouvre habituellement les phénomènes de l’inspiration et de l’extase musicales : de la Passion selon saint Matthieu de Jean-Sébation Bach au Love Supreme de John Coltrane, en passant par la musique romantique, le tanbur d’Ostad Elahi ou le duende flamenco.
Foi et Raison : dans les débats autour de la laïcité, de la place du religieux ou du sacré dans les sociétés contemporaines, ces catégories sont convoquées de façon si tranchée qu’elles semblent vouées à entretenir une guerre de position interminable. À la raison universelle qui ne s’occupe que de savoir, d’expliciter et de contrôler les raisons de ce savoir, on oppose la foi aveugle, incommunicable, de ceux qui croient sans voir. Comment sortir de ce jeu à somme nulle ? Les auteurs de ce volume formulent un pari : mieux qu’un régime de coexistence pacifique, mieux qu’un redécoupage des frontières, ils proposent d’aborder spirituel et rationnel à travers les alliances qui, depuis l’aube de l’humanité, n’ont cessé de se nouer entre eux.
[…] Au terme de cette enquête qui traverse les pensées de Platon, saint-Augustin, saint Jean de la Croix, Corneille Agrippa, Spinoza, Emerson, Thoreau, Freud, Lacan, Bergson, Ostad Elahi, se dessine une perspective nouvelle : celle d’une spiritualité rationnelle, solidaire d’une raison ouverte au spirituel.