Foi et Raison : dans les débats autour de la laïcité, de la place du religieux ou du sacré dans les sociétés contemporaines, ces catégories sont convoquées de façon si tranchée qu’elles semblent vouées à entretenir une guerre de position interminable. À la raison universelle qui ne s’occupe que de savoir, d’expliciter et de contrôler les raisons de ce savoir, on oppose la foi aveugle, incommunicable, de ceux qui croient sans voir. Comment sortir de ce jeu à somme nulle ? Les auteurs de ce volume formulent un pari : mieux qu’un régime de coexistence pacifique, mieux qu’un redécoupage des frontières, ils proposent d’aborder spirituel et rationnel à travers les alliances qui, depuis l’aube de l’humanité, n’ont cessé de se nouer entre eux.

[…] Au terme de cette enquête qui traverse les pensées de Platon, saint-Augustin, saint Jean de la Croix, Corneille Agrippa, Spinoza, Emerson, Thoreau, Freud, Lacan, Bergson, Ostad Elahi, se dessine une perspective nouvelle : celle d’une spiritualité rationnelle, solidaire d’une raison ouverte au spirituel.

Depuis le début du XXIe siècle, le développement durable a connu un engouement important dans la sphère publique et médiatique se répercutant par ricochet sur l’entreprise.

L’analyse du développement durable en entreprise touche les différents départements de cette dernière. La prise en compte s’intègre notamment à la stratégie d’entreprise. C’est sur ce dernier point que l’ouvrage fait un état des lieux. Grâce aux contributions de chercheurs travaillant sur ce thème, cet ouvrage permet de vulgariser les dernières recherches et d’offrir à la communauté des chercheurs, des étudiants et des managers, un ensemble de résultats pratiques tirés de recherches appliquées.

Les trois premiers chapitres adoptent une approche large montrant les freins, les manières de les dépasser, et les opportunités liées au développement durable. Les deux suivants s’attachent plus particulièrement aux innovations liées au développement durable. Deux autres l’abordent dans des contextes spécifiques, les PME et les multinationales. Le dernier s’interroge enfin sur son rapport à l’éthique et notamment à l’éthique de la recherche.

Chartes et labels éthiques ou solidaires, codes déontologiques, programmes de développement durable : l’exigence éthique fait désormais partie intégrante de l’image publique de l’entreprise. N’en déplaise aux cyniques ou aux apôtres de la « guerre économique », le monde des affaires ne saurait jouir d’un statut d’extraterritorialité. Il est important d’affirmer, au moins en principe, cette responsabilité face à la société. Elle passe par la prise en compte de l’intérêt général et du bien commun. Mais au-delà de l’affichage des normes collectives, au-delà des généreuses déclarations d’intentions, il est tout aussi important de se demander ce qu’il en est de l’éthique en entreprise, envisagée cette fois-ci du point de vue des acteurs qui en sont partie prenante. Quelle forme prend, pour chacun, l’éthique vécue dans le contexte professionnel, l’éthique qui se fait au quotidien, dans la pratique concrète des relations humaines ? Quels sont les ressorts de cette sensibilité collective qu’on appelle parfois, sans trop savoir s’il s’agit d’un code d’honneur ou d’une véritable ligne morale, l’« esprit d’entreprise » ? La solidarité y trouve-t-elle un sens nouveau, ou ne subsiste-t-elle qu’à la manière d’une exigence d’efficacité ajustée aux rudes lois du monde économique ?

Cet ouvrage se propose d’explorer ces questions en les parcourant dans les deux sens : de l’individu au collectif, et du collectif à l’individu, sans perdre de vue les interactions complexes de ces deux niveaux avec l’environnement humain et social qui constitue le milieu naturel de l’entreprise.

Dans le cadre du cycle « Pour une culture partagée du développement durable » de l’Institut de formation de l’environnement (IFORE *), la question de l’éthique appliquée au développement durable a été approfondie.

Les interventions et débats de la journée ont permis à plusieurs experts, sociologues et philosophes, de rappeler les significations réelles de ces deux notions et leurs implications, en tentant, non pas de trouver des réponses fermes aux paradoxes du développement durable, mais de questionner les moyens de mise en oeuvre aussi bien que le concept lui même.

Cette journée a permis d’illustrer les difficultés des jeux d’acteurs, la rigueur de leurs rouages à travers de nombreux témoignages de parties prenantes – groupes financiers, ONG, entreprises, médias, institutions… développant avec discernement des pistes de solution prometteuses. Les questions d’échelles de décisions ont aussi été abordées : de l’action citoyenne à la gouvernance du monde, l’éthique appliquée pourrait être une grille de lecture nouvelle, permettant à bien des égards de sortir nos sociétés de la schizophrénie engendrée par les défis du siècle à venir.

* L’IFORE, organisme de formation du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM), a pour mission d’accompagner par la formation l’intégration du développement durable dans les politiques et l’action publiques.

Si la crise financière et économique qui a débuté en 2008 a suscité une pléthore d’analyses, peu d’entre elles ont abordé sa dimension éthique. Qui plus est, lorsque celle-ci est évoquée, c’est essentiellement sous l’angle des injustices liées aux jeux d’intérêts particuliers, tels les salaires des patrons ou ceux des traders. Or, les questions éthiques touchant à la crise débordent largement ce cadre et pointent vers des enjeux sans doute plus fondamentaux, peut-être dissimulés derrière la décourageante technicité des pratiques financières.

Si les considérations éthiques ont leur place dans ces matières, quelle efficacité peut-on leur donner, au-delà de la mise en oeuvre de mécanismes de sanction ou de protection ? Des mécanismes de régulation appropriés pourraient-ils jouer le rôle de garants éthiques ? De quels moyens dispose-t-on pour encourager une compréhension plus juste et une pratique plus solidaire de l’économie ?

Il était nécessaire de défricher ce champ. C’est pourquoi des acteurs de plusieurs disciplines – économiste, industriel, banquier et membre de l’AMF, journaliste, syndicaliste, actuaire – se sont réunis en février 2009 au CNAM dans l’objectif d’analyser d’une part, les enjeux éthiques émergeant à partir des symptômes de la crise, et d’autre part, de s’interroger sur le sens et les perspectives que pourrait avoir « une éthique de la finance ». Un éclairage particulier a été mis sur le rôle crucial des modèles mathématiques sous jacents aux processus qui guident les échanges financiers et leurs possibles dérives.

Qu’est-ce que la littérature sinon, pour paraphraser Baudelaire, le « meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité » ? En quoi est-elle un « sanglot qui roule d’âge en âge » pour témoigner de la condition de l’homme, mais aussi, un « flambeau » pour changer de regard, et peut-être ultimement, soi-même ? Depuis qu’existe l’activité littéraire, la question se pose de savoir si la plume peut transformer le monde ne serait-ce qu’en changeant les individus pris isolément comme lecteurs. L’exploration de quelques grandes figures de la littérature mondiale lors de l’édition 2008 des Journées de la Solidarité Humaine a permis de voir comment s’est mis en place, à des époques et dans des cultures différentes, un engagement de tout l’être pour changer de regard et transformer l’âme par l’exercice de la vérité. Que ce soit dans la narration poétique de Rûmi, de Dante ou de Tagore, la prose philosophique et autobiographique de Montaigne ou les romans de Hesse, l’objet de l’entreprise littéraire apparaît ici comme quête de soi et transmission d’une expérience intérieure. Dans cette transmission, c’est, directement ou indirectement, l’efficacité de l’expression littéraire qui est affirmée comme le lieu d’un cheminement et de révélations successives. Apprendre par la littérature, c’est s’ouvrir d’abord à soi et par cette exploration intérieure, apprendre à se changer soi-même. Ce que nous disent les poètes à travers leurs œuvres, c’est que la littérature peut changer l’homme quand elle porte en elle cette part de vérité où s’origine l’efficacité du Verbe.

Amour est la douceur même : quel amour ? Celui qui saisit tout, sans fin ni commencement.

Cet amour total chanté par Daude de Pradas conviendrait fort bien à une définition de la fin’amor des cansos. Et pourtant Daude désignait par ces vers l’amour divin.

La séparation que certains critiques ont établie, non sans quelque raison apparente, entre amour profane et sentiment religieux, est-elle aussi profonde qu’on a parfois voulu le croire ? S’il y a eu, en poésie, cette séparation, n’est-ce pas plutôt parce qu’il y avait eu auparavant un cheminement commun ?

Quelques poètes, allant jusqu’au bout de l’idée d’amour pur (c’est le sens exact de fin’amor), refusent sa forme terrestre et choisissent de chanter le renoncement à la folie du monde pour le seul amour de Dieu.

Pour tous, c’est l’amour, principe même de la Création, qui unifie et explique l’œuvre de chacun.

Or on ne peut s’interroger sur la nature de « l’amour pur » en ignorant la formation intellectuelle des poètes, et la conception de l’amour selon les théologiens du XIe siècle a pu contribuer en partie à l’élaboration de la fin ‘amor des troubadours.

Et comment retrouver cet enseignement dans les poésies des troubadours ? Ce qu’on sait de leur carrière nous a fourni quelques pistes, ainsi que l’étude de leur vision du monde dans les cansos.

 

Suzanne Thiolier-Méjean, professeur émérite de l’université de Paris IV-Sorbonne, a publié notamment : aux PUPS, La poétique des troubadours, Une Belle au Bois Dormant médiévale Frayre de Joy et Sor de Plaser, Alchimie médiévale en pays d’Oc, au Livre de Poche, Nouvelles courtoises, coll. « Lettres gothiques » (1er partie) ; a co-édité avec Claire Kappler à L’Harmattan : Alchimies Orient/Occident, coll. « Kubaba », Les Fous d’amour Orient/ Occident coll. Logiques du Spirituel.

La musique, dit-on, adoucit les mœurs. Mais au-delà de ses vertus apaisantes ou édifiantes, c’est l’activité musicale en tant que telle qui ne cesse de susciter des évaluations et des questions de nature éthique. Et cela est encore plus sensible dans un contexte interculturel où la musique est souvent celle des « autres ».

Philosophes, psychanalystes, musicologues, sociologues ou musicothérapeutes s’accordent à le reconnaître : il existe un processus de subjectivation indissociablement éthique et musical, qui renvoie tout à la fois à la culture de soi, à la formation du caractère, au développement des dispositions spirituelles de l’individu, et aux représentations, aux formes d’expression et aux valeurs collectives d’une culture ou d’un groupe. Ainsi le phénomène musical met en jeu les questions de l’authenticité, de la communauté, de la relation à l’autre, ou encore du rapport entre éthique et morale.

Articles de presse

L'éducation musicale
Patrice Imbaud, février 2009
L'éducation musicale

Cahiers d'ethnomusicologie
Monique Desroches, 10 décembre 2012
journals.openedition.org

Être fou d’amour, aimer jusqu’à la folie ! Cette expérience des extrêmes engendre des œuvres d’art. Parole poétique, parole chantée, parole mise en scène…, l’amour, la folie d’amour ne peuvent se dissocier du « chant ».

L’Occident déteste perdre la tête, privilégie le libre arbitre, le contrôle de soi par la raison. Le Fou d’amour qui se perd lui-même au profit d’un autre n’est plus prisé car la valeur prédominante est la stabilité du sujet qui garantit la stabilité de l’individu dans une catégorie de comportements admis, propres à son rang.

Au Proche-Orient, la folie d’amour est l’occasion privilégiée d’approcher l’Unicité divine. L’amour et la beauté sont les plus formidables « éveilleurs » car ils poussent le petit moi hors de lui-même. Même relégué au désert, le Fou d’amour est celui qui court la plus haute aventure réservée à l’humain.

Entre ces deux attitudes de l’Occident et de l’Orient médiévaux, se dessinent de nombreux ponts : les mystiques en sont le plus lumineux.

Claire Kappler, chargée de recherche au CNRS, médiéviste et orientaliste, spécialiste de littérature persane classique, se consacre aux comparaisons entre les cultures du Moyen Âge européen et proche-oriental.

Suzanne Thiolier-Méjean, professeur à l’université Paris IV – Sorbonne, spécialiste de littérature médiévale occidentale, en particulier en langue d’Oc. A publié des ouvrages sur l’Alchimie.