« Comment faites-vous pour défendre l’assassin d’un enfant ? » C’est souvent cette question que les avocats pénalistes entendent à propos de leur métier. L’avocat est représenté dans la fiction sous les traits d’un être ambigu, sans cesse sur le fil… La réalité est sans doute tout autre. C’est elle que ce livre tente d’approcher en comblant un manque dans les réflexions contemporaines de l’avocature. Rares sont, en effet, les travaux qui abordent l’éthique de l’avocat pénaliste. Quelles sont ses interrogations, ses incertitudes lorsqu’il est confronté à des choix de défense ?
À travers une enquête menée auprès d’avocats, l’auteur s’intéresse aux intentions, aux pratiques quotidiennes effectives et aux enjeux de responsabilité du pénaliste.
Comment les mutations juridiques et politiques de la défense pénale orientent les valeurs de l’avocat et sa manière d’agir ? Par-delà la dimension déontologique de son métier, quelles relations d’ordre éthique l’avocat entretient-il avec lui-même mais aussi avec l’autre, son client, qu’il soit prévenu, accusé ou victime, les jurés, les magistrats ? Peut-on parler du rapport de l’avocat à la vérité ? Cette vérité est-elle spécifique ? plurielle ? Le procès équitable permet-il d’affirmer une égalité des armes devant la justice ? Comment l’avocat peut-il construire des lignes de défense tout en restant partenaire de justice ? En définitive, est-il possible de comprendre l’acte même de défense des actes extrêmes, des crimes monstrueux, sans prendre conscience de la complexité d’une réflexion éthique ?
Avocats, magistrats, policiers, journalistes, bâtonniers, et bien sûr tous ceux qui se destinent à ces professions, et puis encore les citoyens qui s’intéressent à la justice et les citoyens qui la découvrent en tant que jurés, tous ceux-là, pour des raisons très diverses tireront profit de la lecture de cet ouvrage.
Edwige Rude-Antoine est directrice de recherche au CNRS (UMR 8039, CNRS-EHESS). Elle a publié de nombreux ouvrages. Parmi les plus récents, on peut citer Mariage Libre, Mariage forcé ? Paris, Puf, coll. La nature humaine, 2011, Éthique et famille, (co-dir.) M. Piévic, Paris, Éd. L’Harmattan, collection Éthique en contextes, 2011-2013, 3 tomes ; Un état des lieux de la recherche et de l’enseignement en éthique, (co-dir.) M. Piévic, Paris, Éd. L’Harmattan, collection Éthique en contextes, 2014.
Voir aussi un article dans le Monde du 30 mars 2018.
Articles de presse
Les Cahiers de la Justice 2020/3 (N°3), pp. 565-570
Julien Ortin
Les Cahiers de la Justice
Les Cahiers de la Justice 2015/2 (N°2), pp. 301-304
Jean-Luc Rivoire
Les Cahiers de la Justice
Droit et Cultures 70 2015-2, pp. 185-190
Entretien avec Edwige Rude-Antoine mené par Christiane Besnier
Les recherches et les enseignements dans le domaine de l’éthique se multiplient au sein des universités et grandes écoles. Sans doute en partie motivés par le bouleversement des repères moraux et la crise de sens qui affectent de nombreux secteurs de la société, ces travaux se développent dans de nombreuses disciplines – philosophie, sociologie, droit, économie, médecine – et des domaines les plus variées – environnement, affaires, technologie… Il semblait important de réunir en un premier volume des contributions actuelles, nationales et internationales, sur ce sujet afin d’illustrer à la fois la diversité et la transversalité des approches.
Cet état de lieux, qui ne vise bien entendu pas à l’exhaustivité, est aussi une invitation à faire dialoguer les disciplines entre elles et avec la société, où les questions d’éthique émergent et où elles doivent trouver leur résolution. Rien ne serait en effet aussi préjudiciable à l’éthique donc à la société toute entière, qu’un cloisonnement disciplinaire et intellectuel qui risquerait de diluer l’éthique dans des visions particulières, de la déraciner de son ancrage universel qui, fondamentalement, questionne l’homme tant sur le sens de son action que sur la nature profonde de son humanité.
Les travaux de recherche en éthique liés à l’évolution profonde que connaît la structure familiale ont donné lieu en mars 2011 à deux ouvrages, Éthique et Famille, tomes 1 et 2, aux éditions de l’Harmattan sous la direction d’Edwige Rude-Antoine et Marc Piévic. Ce troisième tome reprend pour partie des interventions données lors d’un colloque international qui s’est tenu à Paris à la même époque. Il évoque des enjeux éthiques concrets – tels ceux liés aux transformations juridiques de la famille, à la mise en œuvre de politiques publiques, à la prise en charge psychologique des enfants ou à l’annonce du diagnostic d’un cancer à un adolescent ou à un jeune adulte et sa famille – ou des réflexions plus théoriques autour d’une sociologie de l’éthique de la famille, du non choix de la parenté ou encore sur le caractère éventuellement injuste de l’institution familiale.
Il vient compléter, sans toutefois visée d’exhaustivité, les thématiques abordées dans les deux premiers tomes : l’Éthique et la Famille, les Nouvelles formes familiales et les Rôles parentaux, la Vulnérabilité et la Responsabilité, l’Honneur, la Crainte, et la Violence, pour le premier volume, et les Enfants et les Droits, la Justice et le Droit, La Santé et la Bioéthique, la Solidarité et l’Économie, pour le second.
Ces volumes veulent contribuer au renouvellement des théories et de la recherche en éthique de la famille et tenter de cerner des raisonnements moraux, ou ce qui en tient lieu, dans des contextes hétérogènes – raisonnements souvent enchevêtrés avec d’autres considérations normatives et factuelles. À terme, l’enjeu de cette réflexion est l’ouverture du débat moral à autre chose qu’une polarisation autour de positions de principes, et notamment à la complexité du raisonnement moral en contexte.
Les évolutions profondes que connaît la structure familiale, qui sont liées, entre autres, aux progrès de la médecine (assistance médicale à la procréation, recul de l’âge du décès, etc.), à l’impact des nouvelles normes juridiques, aux mouvements de populations et aux interpénétrations culturelles, aux nouvelles technologies, à l’environnement, nécessitent de s’interroger sur l’évolution des représentations de la famille, de la nature des liens et des comportements en son sein, et sur les problématiques d’ordre éthique qui résultent de ces bouleversements.
C’est l’objectif des ouvrages « Éthique et Famille », conçus à l’initiative du Centre de recherche Sens, Éthique, Société (CERSES – UMR 8137) Université Paris Descartes, CNRS et de la Fondation Ostad Elahi – éthique et solidarité humaine. Ces ouvrages rassemblent des contributions au croisement des disciplines des sciences humaines et sociales (éthique, anthropologie, psychologie, droit, économie, sociologie, philosophie, etc.) et des sciences du vivant, et à dimension internationale (Brésil, Canada, Côte d’Ivoire, France, Italie). Loin de prétendre à l’exhaustivité, ces volumes veulent seulement permettre le renouvellement des théories et de la recherche en éthique de la famille et tenter de cerner des raisonnements moraux, ou ce qui en tient lieu, dans des contextes hétérogènes – raisonnements souvent enchevêtrés avec d’autres considérations normatives et factuelles. À terme, l’enjeu de cette réflexion est l’ouverture du débat moral à autre chose qu’une polarisation autour de positions de principes, et notamment à la complexité du raisonnement moral en contexte.
Ce second tome aborde plusieurs thématiques : les Enfants et les Droits, la Justice et le Droit, La Santé et la Bioéthique, la Solidarité et l’Économie.