La mort livre-t-elle la clé de la vie et de son sens ? Comment la compréhension de notre condition mortelle influe-t-elle en retour sur la manière dont nous menons nos vies, sur l'idée que nous nous faisons d''une vie digne d'être vécue ? C'est à ces questions sans âge et aux réponses vivantes qu'on peut y apporter aujourd'hui que se consacrent les contributeurs de ce volume. Ils sont philosophes, psychologues, psychanalystes, journalistes, observateurs des croyances et des pratiques contemporaines associées aux idées de mort et de survie. Ils envisagent d'un oeil curieux et critique la philosophie de Bergson et le transhumanisme, la logothérapie de Viktor Frankl et la psychologie transpersonnelle ; ils discutent l'état des recherches actuelles sur les phénomènes de mort imminente ou les témoignages faisant état de souvenirs de vies antérieures ; ils s'interrogent sur les frontières du "moi", sur la pertinence d'une référence à l'"âme" et même à un "au-delà" qui ne se limite pas nécessairement aux cadres d'interprétation fournis par les traditions religieuses; enfin, ils discutent des différentes voies par lesquelles ce faisceau d'expériences, de théories et d'hypothèses peuvent contribuer à préciser, pour chacun, l'échelle des valeurs éthiques et spirituelles qui constituent une vie pleinement humaine.

Recension

Crise financière, crise sociale, crise morale, etc., notre société traverse une série de malaises que certains observateurs attribuent plus largement à une crise de sens : pour quoi vit-on ? Où va notre humanité globalisée ? Faute de réponses satisfaisantes, le pessimisme gagne. Cette situation de crise, dans laquelle notre société semble plonger peu à peu, n’est-elle pas en partie liée à la perception de l’être humain qui a été aux fondements des théories – économiques, sociologiques, philosophiques, psychologiques – sur lesquelles se sont élaborés notre vision du monde et nos rapports aux autres ? Un homme violent et égoïste ; un animal, peut-être rationnel et social, mais qui resterait malgré tout « un loup pour l’homme ». Dans une telle conception, doit-on s’étonner de la friabilité du ciment éthique indispensable à la construction et au développement de toute société viable ?

Il ne s’agit pas ici de nier la dimension animale, égoïste ou agressive de l’homme. Mais n’a-t-on pas omis ou déprécié d’autres dimensions, porté trop peu d’attention aux vertus que l’homme possède en propre et aux moyens dont il dispose pour les parfaire ?

Sans tomber dans un optimisme béat, quelles sont aujourd’hui les données qui permettent de renouveler l’idée que l’on se fait de l’homme, de lui redonner confiance en lui afin de le motiver à l’action juste et bonne ?

Pour répondre à ces questions, l’approche choisie est double : philosophique et scientifique. Ainsi, nous voyagerons d’abord de l’antiquité grecque à la philosophie humaniste du XXe siècle. Puis, c’est l’exploration de travaux récents issus de la psychanalyse, de la psychologie positive et de la médecine, qui nous invitera à porter un autre regard, optimiste, sur la « nature » humaine.

Qui est l’homme alcoolique ? Il est à « coeur ouvert », un déraciné qui possède en lui la porte qui s’ouvre à ce Monde fraternel et absolu où seuls des êtres animés par le « goût de l’être » et l’« amour » peuvent pénétrer.

Dans cet essai écrit à la première personne, l’auteur introduit son lecteur au coeur de l’homme alcoolique et propose une « éthique de l’imprévisibilité » dans laquelle chaque soignant, chaque homme peut être éclairé de l’intérieur et à jamais.

Erick Jean-Daniel Singaïny est psychologue clinicien, docteur en psychologie et qualifié aux fonctions de maître de conférences en psychologie. Ce petit ouvrage est le dernier volet d’une réflexion consacrée à l’homme alcoolique et à sa rencontre : le temps, l’événement et ici, l’appel à la transcendance.

Articles de presse

Le Courrier des addictions (17) n° 4
Patricia Despotis, octobre-novembre-décembre 2015
Le Courrier des addictions

Face à la multiplication des savoirs qui prennent désormais pour objet l’individu et son rapport à soi – de la sociologie à la psychanalyse en passant par les sciences cognitives, la philosophie ou la spiritualité –, il est devenu difficile de savoir de quoi il est réellement question quand on parle de « connaissance de soi ».

Dans un monde en changements constants où l’esprit humain est sans cesse sollicité par ce qui se passe « à l’extérieur », où la connaissance tend à être supplantée par la communication, quelle(s) signification(s) peut prendre la connaissance de soi ? Comment concilier le vivre-au-monde avec cette quête intérieure ? C’est cette question que l’édition 2012 de la Journée de la solidarité humaine se proposait de clarifier en se plaçant au carrefour des savoirs et des disciplines.

Que s’agit-il de connaître en soi ou de soi ? Le « moi » renvoie-t-il à une réalité, ou à un projet ? Et pourquoi, d’ailleurs, chercher à se connaître ?

Philosophie,  psychologie et spiritualité ont souvent divergé sur les modalités d’une telle connaissance et les méthodes qui permettent d’y parvenir : approches plus ou moins théoriques ou pratiques, rationnelles ou intuitives, dans la solitude de soi avec soi ou dans la relation avec autrui, par référence à une transcendance ou pas…

De ce foisonnement, peut-on dégager certaines lignes de force et, surtout, des approches concrètes qui permettraient à chacun, aujourd’hui et maintenant, de s’engager à son tour dans cette aventure qu’est la connaissance de soi ?

Du mensonge prédateur au mensonge protecteur, en passant par celui par faiblesse ou par frime, le mensonge présente de nombreux visages. Si certains contextes peuvent rendre le mensonge légitime, nécessiter l’effacement d’une certaine vérité au profit de l’éthique, il s’agit avant tout de comprendre l’intérêt psychologique, social et surtout spirituel à entrer dans une démarche d’évitement du mensonge.

Car la force de celui-ci est qu’il finit par nous duper nous-mêmes, nous entraînant inconsciemment, par delà les effets en retour de tous ordres, dans une érosion de notre soi. Quels sont les ressorts du mensonge ? Quels en sont les effets, sur autrui et sur soi ? Des situations concrètes sont analysées, permettant, par miroir, de percevoir son positionnement personnel.Quelques exercices pratiques en fin d’ouvrage permettent de concrétiser l’engagement dans une démarche qui vise à rapprocher chacun de la vérité et de sa vérité.

Foi et Raison : dans les débats autour de la laïcité, de la place du religieux ou du sacré dans les sociétés contemporaines, ces catégories sont convoquées de façon si tranchée qu’elles semblent vouées à entretenir une guerre de position interminable. À la raison universelle qui ne s’occupe que de savoir, d’expliciter et de contrôler les raisons de ce savoir, on oppose la foi aveugle, incommunicable, de ceux qui croient sans voir. Comment sortir de ce jeu à somme nulle ? Les auteurs de ce volume formulent un pari : mieux qu’un régime de coexistence pacifique, mieux qu’un redécoupage des frontières, ils proposent d’aborder spirituel et rationnel à travers les alliances qui, depuis l’aube de l’humanité, n’ont cessé de se nouer entre eux.

[…] Au terme de cette enquête qui traverse les pensées de Platon, saint-Augustin, saint Jean de la Croix, Corneille Agrippa, Spinoza, Emerson, Thoreau, Freud, Lacan, Bergson, Ostad Elahi, se dessine une perspective nouvelle : celle d’une spiritualité rationnelle, solidaire d’une raison ouverte au spirituel.

Il y a une idée de l’esprit logée au coeur de l’éthique. Nous le savons depuis les philosophes grecs, dont la sagesse pratique se donnait indissolublement comme un art de vivre et une forme de connaissance de soi. L’intériorité elle-même est quelque chose qui se cultive. Elle se construit dans une relation à soi-même et aux autres – relation attentive à d’autres corps-esprits, selon tous les degrés qui vont des marques de soin les plus élémentaires à l’universel respect de la dignité en chacun.

Au croisement de la métaphysique, de la biologie, de l’éthique, de la psychanalyse et de la religion, se formule ainsi le problème fondamental de la construction de l’humain. Dans ce chantier, ce ne sont pas les problèmes qui manquent : problème des bases naturelles de l’éthique, problème de l’influence de la conception religieuse de la loi dans la régulation des rapports humains, problème enfin de la valeur pragmatique et concrète des innombrables images et représentations de l’esprit héritées de la tradition philosophique ou spirituelle, et revisitées aujourd’hui par la psychanalyse et les neurosciences.

Ce que nous savons ou croyons savoir de ce que nous sommes influence ce que nous faisons. En retour, ce que nous faisons nous révèle à nous-même. L’esprit se pratique : il faut s’y faire. Mais il est tout aussi important d’y penser, et donc de s’en donner des modèles pour les interroger, les modifier, les faire travailler, et pourquoi pas, les transformer. C’est peut-être là, finalement, l’esprit de l’éthique.

« Penser, c’est juger » disait Kant. Dans ce flux incessant des jugements que nous portons sur la vie, sur le monde et les autres, certains sont nécessaires et légitimes, d’autres ne le sont pas. Ils révèlent au contraire, à des degrés divers, une propension quasi irrésistible à porter un regard malveillant sur les façons d’être, de penser, de vivre de ceux que nous côtoyons. L’attitude est si banale et ancrée dans les habitudes qu’il est rare que nous nous arrêtions pour la questionner. Et pourtant, n’est-ce pas dans ce jugement biaisé que nous portons sur nos semblables que se cache la source de nombreuses injustices dont nous sommes les auteurs souvent inconscients ? N’est-ce pas là également que se situe l’origine de certaines de nos difficultés – relationnelles ou existentielles – que nous considérons comme des injustices à notre égard ?

Quelles sont les conditions requises pour que nos jugements soient éthiquement acceptables ? Comment juger les autres, puisque nous y sommes quotidiennement obligés, sans pour autant les condamner ? À partir d’une analyse de situations de jugement concrètes et de leurs implications morales, ce livre propose une démarche d’auto-formation du jugement éthique : pour mieux juger, avec justice, et dans le respect d’autrui et la bienveillance.

Le message est simple : chacun de nos actes les plus anodins recèle une clé du perfectionnement éthique. Souvent laissée dans l’ombre ou même insoupçonnable, cette dimension éthique de nos petits actes n’en a pourtant pas moins des effets parfois fulgurants sur ceux qu’elle touche. En apprenant à la saisir, elle contribue par ailleurs dans une très large mesure au développement de notre propre humanité : c’est en effet dans ce réservoir inépuisable – les innombrables occasions d’agir éthiquement offertes par notre quotidien – qu’il est possible de trouver la matière première de la construction de soi.

C’est à cette approche à la fois originale et pleine de sens et d’espoir que l’auteur nous convie dans un style simple alimenté d’exemples vécus. Ce faisant, il ouvre des pistes de pratique éthique – une éthique des petits actes – qui serait non pas l’application de recettes toutes faites, mais l’investissement de notre vie quotidienne par une densité d’intention nouvelle.